Pas de sexe, des œufs brouillés à la place

Par Sirine A

J’ai attendu devant la porte au moins 15 minutes. Il m’avait envoyé un message en début de soirée. C’était un petit message, pas vraiment une invitation, juste un début de réflexion. S’il m’avait contactée, c’est probablement parce qu’il n’avait rien de mieux à faire, qu’il ne s’était pas trouvé un plan cul pour ce soir et parce que je lui avais tellement fait du rentre-dedans que ça avait fini par payer.

Je me demande combien de filles il avait essayé de convaincre de venir avant de m’envoyer ce message. Peut-être que je me trompe. Peut-être que j’étais son premier choix.

Il m’a juste proposé de boire quelques verres mais j’ai décidé que c’était un appel à la baise. Depuis quelques temps je n’avais que lui en tête, il me hantait. Je n’avais envie que de lui.

Après son message et mon oui heureux et plein de chaleur, j’ai encore travaillé deux heures au bureau sans même me rendre compte de l’heure. Un lundi typique.

Quand j’ai regarde l’heure, il était déjà 22:30. Je suis sortie en vitesse.

Le long des 32 minutes de route pour arriver jusqu’à lui, j’ai évité de penser à lui. Je ne voulais pas être nerveuse. Mais une fois arrivée au rond-point, juste avant chez lui, j’ai senti mon visage en feu et mon cœur battre comme un fou contre mes côtes. Tout mon corps tremblait.

En m’arrêtant devant son immeuble, je me suis rendue compte qu’il était hors ligne depuis 58 minutes, qu’il n’avait vu ni mon « j’arrive », ni le « je suis en route » ni même le « je suis chez toi dans 5 minutes ».

J’ai soudain réalisé que j’allais débarquer chez un mec que je connaissais à peine. Je m’étais juste convaincue que ses yeux racontaient des histoires intéressantes.

J’ai eu le temps de fumer une clope en bas de chez lui, puisque Monsieur ne répondait ni à mes messages Facebook ni à mes appels.

Je fais quoi, je rentre ? Je monte ?

Je rentre.

Non, non, je monte.

Mais non, je fais demi tour et je rentre chez moi me rouler un joint, prendre une douche et dodo.

Je ne sais pas trop comment mais je me suis retrouvée au deuxième étage, devant sa porte.

Je fais quoi? Je sonne? Et s’il y avait quelqu’un avec lui? Et s’il avait regretté de m’avoir invitée?

Mon doigt décide d’ignorer mes pensées affolées et appuie sur le bouton de la sonnette.

Il a mis un temps fou à m’ouvrir la porte.

‘Enfin t’es là !! Je t’ai tellement attendue que je me suis endormi. »

Ses yeux étaient rouges de fatigue. Il s’était endormi devant la télé.

On s’est installé sur le canapé. Il a commencé à parler, à vider son cœur, à décompresser de sa journée. mais moi je ne voulais pas parler. Je voulais qu’il soit comme les autres, juste quelqu’un avec qui je baise et dont je ne sais rien. Je ne veux pas créer de lien. Mais c’est vrai qu’il est intelligent et l’intelligence, c’est sexy. J’aime les étoiles qui brillent dans ces yeux lorsqu’il parle de sujets qui lui tiennent à cœur.

Il faut que j’arrête de l’écouter. Pas d’affect, c’est la règle numéro 1.

Rien ne va comme prévu. Je ne suis même pas excitée alors que depuis des semaines ce mec hante mes pensées. J’attendais le moment d’être seule avec lui depuis si longtemps. Et là, il est assis tout à côté de moi et je ne ressens rien physiquement.

A un moment, il m’a embrassée. J’adore ses lèvres. J’ai fermé les yeux, j’avais l’impression de toucher son âme. Ce moment de grâce a duré moins d’une minute. Mon cerveau allait dans tous les sens:

«Est ce que j’ai déjà répondu au mail du client?»

Ses mains se sont aventurées dans mes rondeurs. Mes yeux étaient toujours fermés et j’entendais le dernier match de la NBA en fond sonore. J’ai même fait attention au score.

La petite voix dans ma tête continuait allègrement «ATL vs CLE, ATL c’est pour dire Atlanta, mais que veut dire CLE?»

Il a dit: « viens dans la chambre »

J’ai enlevé seule mes habits. Il a enlevé les siens de son côté. Déjà, ça manquait de sensualité. Puis je l’ai vu nu. Mon Dieu, elle était toute petite, vraiment très petite.

Je ne comprends pas. Ce mec me plaisait à mourir. Je le voulais de toutes mes forces et là, dans ce tout petit espace, nus l’un contre l’autre, il ne se passait rien.

Il s’est excusé: «Désolé je suis fatigué, tas trop tardé, j’ai trop fumé, mais tu es sublime, tu es belle, tu sais?»

Bien sûr que je le sais, même avec mes 7000 défauts, mes pensées noires sur moi et toutes les critiques que je me fais quand je suis nue face au miroir, j’arrive à me trouver belle sinon je n’aurais jamais eu le courage de débarquer chez lui.

« J’ai faim je n’ai rien pas encore dîné. Je vais me faire des œufs brouillés. Tu en veux? »

Je voulais lui dire que non, ses œufs ne m’intéressaient pas. je voulais un orgasme, je voulais du plaisir, je voulais manger autre chose qu’un œuf, quelque chose de dur et de fort. Mais je n’ai rien dit et à presque une heure de matin, il était dans la cuisine, tout nu, avec ses yeux rouges de sommeil à se faire des œufs.

Après dîner, on a été au lit. Il m’a câlinée. C’était très doux. Puis il s’est endormi. On n’a pas baisé.

Je me suis habillée et suis partie sur les pointes des pieds, ne sachant pas trop quoi penser de cette soirée.

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