Ma fille de 14 ans ne veut plus aller en cours
Par Maya CHELBI
Elle est arrivée un soir, l’œil grave, la mine défaite et m’a annoncé calmement qu’elle ne voulait plus aller en classe.
Elle, c’est ma fille et elle a 14 ans. Elle a toujours eu un peu de difficultés dans son parcours scolaire. Intelligente mais un peu plus lente que ses camarades. Mais rien d’insurmontable. Elle a toujours fini par trouver son rythme.
Je l’ai regardée comme si elle avait soudain eu trois têtes.
Elle m’a expliqué que le système scolaire n’était pas fait pour elle, que c’était contraignant et abrutissant, que cela mettait tout le monde dans le même moule et qu’Einstein avait révolutionné la physique alors qu’il était nul à l’école.
Tous ses arguments tenaient la route et je le lui ai dit. Mais je lui ai aussi demandé de me proposer une alternative à l’école. Qu’est-ce qu’elle ferait une fois l’école abandonnée?
Elle ne s’attendait pas à ma réponse. Elle s’était préparée à une guerre entre jeune rebelle et dictature parentale qui se se serait terminée par elle m’accusant d’être trop vieille pour comprendre la notion de liberté. Je lui ai coupé l’herbe sous le pied, la pauvre. Elle m’a regardée, a ouvert la bouche, puis l’a refermée et est repartie dans sa chambre.
Maman: 1 Ado rebelle: 0
J’ai appris depuis belle lurette que la confrontation avec un ado faisait de parent et enfant des perdants. L’ado ne se sent alors ni écouté ni compris et si le parent exerce en plus son autorité dans le genre « tu vas en cours et puis c’est tout », l’ado se sent aussi rejeté et opprimé.
C’est fragile, un ado. Et on les aime nos petits monstres même s’ils sont devenus grands et souvent invivables. Il est toujours préférable que les deux côtés s’en sortent dignement.
Je l’ai écoutée. J’ai validé son opinion et je lui ai laissé la possibilité de faire un choix différent.
La prochaine fois, elle sera sûrement mieux préparée, ce ne sera pas aussi facile, c’est sûr. Mais pour aujourd’hui, la paix est maintenue. C’est toujours un jour de gagné.
